Taux d’intérêt : quand sont-ils à leur plus bas ?

2019 : la dette mondiale flirte avec les 250 000 milliards de dollars, mais l’argent n’a jamais été aussi « bon marché ». Entre 2015 et 2021, la Banque centrale européenne a maintenu son principal taux directeur à zéro, puis en territoire négatif, entraînant des coûts inédits pour les dépôts bancaires. Certains livrets d’épargne en France ont alors affiché des rendements historiquement faibles, inférieurs à l’inflation.

En 2022, ce cycle s’est inversé avec une remontée rapide, mais les conséquences sur les produits d’épargne se font sentir de façon différenciée. Les décisions monétaires, désormais liées à la lutte contre l’inflation, modifient la rentabilité des placements du quotidien et bouleversent les repères des épargnants.

Ce que recouvrent les taux d’intérêt : définitions, mécanismes et cas particuliers

Le taux d’intérêt ne se contente pas d’une discrète mention sur un contrat de crédit immobilier : il traduit le coût réel de l’argent et la façon dont les banques appréhendent le risque. Derrière ce chiffre, on retrouve toute une mécanique qui alimente le financement de l’économie. Que ce soit pour un prêt immobilier, un crédit à la consommation ou un emprunt d’État, le taux d’intérêt désigne la rémunération d’un prêt. Mais l’affichage du taux nominal n’est qu’une partie de l’histoire : l’emprunteur doit composer avec des frais annexes, assurance, garanties, dossier, qui gonflent le taux annuel effectif global (TAEG) et modifient la facture finale.

Typologie des taux pratiqués en France

Pour mieux s’y retrouver, voici les principales catégories de taux qui structurent le marché français :

  • Taux fixes : ils rassurent par leur prévisibilité. Les mensualités d’un prêt immobilier restent identiques tout au long du remboursement.
  • Taux variables : moins courants en France, ils évoluent selon un indice de référence. L’incertitude est de mise, la mensualité peut grimper.
  • Taux mixtes : combinaison d’une période de stabilité puis d’une révision possible. Ces formules hybrides s’adaptent aux contextes changeants.

Les banques françaises, sous l’œil de la Banque de France, font évoluer leurs conditions de prêt selon le coût de refinancement sur les marchés et selon les règles prudentielles. Les taux varient également selon le profil de l’emprunteur, la durée souhaitée et la conjoncture. Le taux moyen des prêts immobiliers, publié chaque mois, sert de thermomètre à la profession. Quand les taux chutent, la demande bondit, mais les critères d’acceptation se durcissent.

Pourquoi les taux d’intérêt touchent-ils parfois des planchers historiques ?

Les taux d’intérêt peuvent s’effondrer quand la politique monétaire s’oriente vers le soutien de l’activité. L’objectif de la banque centrale européenne (BCE) : relancer la croissance économique et combattre une inflation trop timide, voire négative. Elle module alors ses taux directeurs, c’est-à-dire le coût auquel les banques se refinancent. Cela déclenche une cascade d’effets, du taux de crédit immobilier jusqu’aux taux des emprunts d’État.

L’exemple de la période post-2008 est parlant. Pour desserrer l’étau sur le crédit, la BCE a abaissé ses taux de dépôt, jusqu’à des valeurs négatives. Les marchés financiers se sont adaptés, le rendement des obligations souveraines a atteint des records à la baisse. Les banques, confrontées à un argent qui ne rapporte rien (voire coûte), prêtent plus volontiers, ce qui dope la demande de logements en France.

La faiblesse de l’inflation complète ce tableau. Quand la hausse des prix s’essouffle, la BCE, la banque d’Angleterre ou la Réserve fédérale américaine n’ont pas d’autre choix que de maintenir durablement des taux réduits, parfois nuls. Que ce soit en zone euro, en France ou au Royaume-Uni, le scénario se répète : les taux bas deviennent la norme, redéfinissant l’équilibre entre épargne, crédit et investissement.

Les tendances et prévisions des taux en France jusqu’en 2026

Depuis 2022, la donne a changé sur le marché du taux immobilier en France. Après de longues années marquées par des taux bas, l’inflation s’est réveillée, obligeant la banque centrale européenne à serrer la vis. Résultat : les taux moyens des prêts immobiliers sont passés d’environ 1,1 % début 2022 à plus de 4 % début 2024, selon la banque de France. Le crédit s’est renchéri, la capacité d’emprunt des ménages a reculé, le marché immobilier s’est mis au ralenti.

Mais le reflux de l’inflation, enclenché début 2024, rebat les cartes. Les anticipations s’orientent désormais vers une stabilisation, voire un léger recul des taux d’ici fin 2025. Les estimations du conseil de stabilité financière tablent sur un taux moyen des nouveaux prêts immobiliers autour de 3,5 % en 2025, une tendance qui pourrait se maintenir en 2026. Difficile, toutefois, de faire fi des aléas économiques ou des choix de la BCE.

Dans ce contexte, les banques restent prudentes. Les conditions d’octroi du prêt immobilier varient et se raffermissent. Voici les critères qui prennent aujourd’hui plus de poids :

  • Capacité de remboursement contrôlée
  • Part croissante de l’assurance emprunteur dans le coût total
  • Apport personnel plus élevé demandé

Avant de se lancer, il vaut mieux passer au crible sa capacité d’endettement : les conditions d’accès au crédit demeurent strictes, même si la perspective d’un reflux modéré des taux s’esquisse à moyen terme.

Jeune femme souriante vérifiant ses taux en ligne dans la cuisine

Épargne et taux bas : comment adapter sa stratégie pour optimiser ses placements ?

Le taux bas a bouleversé la boussole des épargnants. Le livret A, longtemps valeur refuge, affiche 3 % en 2024, un rendement parfois inférieur à l’inflation. Quant au taux de dépôt des comptes courants ou livrets non réglementés, il reste au plancher, flirtant avec zéro. Face à la hausse générale des prix, il faut repenser la gestion de son épargne.

Voici quelques leviers pour ajuster sa stratégie et ne pas laisser son épargne s’éroder :

  • Parmi les produits sûrs, le livret A garde des atouts : argent disponible à tout moment, fiscalité allégée.
  • Les marchés financiers (actions, obligations publiques ou privées) offrent davantage de perspectives, à condition d’accepter une part de risque et d’envisager le long terme.
  • Le fonds euros de l’assurance-vie, autrefois leader des placements sécurisés, subit lui aussi la baisse des taux : les rendements moyens plafonnent autour de 2,5 % d’après la fédération française de l’assurance.

Tout l’enjeu est de trouver l’équilibre : sécurité ou performance ? Mieux vaut diversifier, ajuster ses horizons de placement et mesurer ses marges de manœuvre. Les établissements bancaires l’ont compris : ils proposent désormais des formules modulables, avec une part sécurisée (fonds euros), et une part plus dynamique (unités de compte). Dans l’environnement actuel, la souplesse et la réflexion sont devenues des alliées incontournables pour faire vivre son patrimoine.

La courbe des taux n’est jamais figée. Hier en bas, demain en hausse, parfois à contre-courant. Mieux vaut garder l’œil ouvert : la prochaine inflexion pourrait bien surprendre même les plus aguerris.