Trente jours d’arrêt, un diagnostic de burn-out et l’angoisse qui grignote chaque matin : le salarié en arrêt maladie a le droit d’accumuler des congés payés. Ce n’est pas une faveur, c’est la loi. Mais prendre la route, s’évader quelques jours, voilà un tout autre casse-tête. Le moindre faux pas administratif, et la sanction tombe. Les règles s’imbriquent, la CPAM surveille, mais des brèches existent pour ceux qui savent les utiliser.
La jurisprudence a récemment tranché : poser des congés payés ne met pas systématiquement à mal un arrêt de travail. Mais gare à l’improvisation, chaque condition compte, sous peine de voir ses indemnités journalières disparaître aussi vite qu’un mail de relance RH.
Burn-out et arrêt maladie : ce que dit la loi sur les vacances
Le burn-out figure aujourd’hui parmi les raisons recevables d’arrêt maladie. Un salarié épuisé psychiquement ne se voit pas privé de vacances pour autant. Le Code du travail et la jurisprudence garantissent ses droits : acquisition des congés payés, maintien du lien de travail, y compris en cas de dépression ou d’affection de longue durée (ALD). Cette sécurisation s’appuie sur la Cour de cassation et le droit européen, affirmant la préservation continue des droits sociaux même si le salarié n’est pas en activité.
Selon la convention collective ou les accords propres à chaque entreprise, la façon de prendre ces congés peut différer à la reprise. Pour les fonctionnaires, la règle est comparable, même si l’organisation varie. Toutefois, le principe reste simple : la maladie ne fait pas table rase des droits à congés.
Seule certitude : le service RH a son rôle à jouer, notamment quand le salarié revient d’un arrêt de travail long. Certaines sociétés proposent un accompagnement spécifique, évitant ainsi de confronter brutalement la personne à la dynamique collective du bureau. Utiliser ses congés juste après un burn-out ou une dépression, c’est organiser un retour progressif, sans trop de choc.
Mais l’enjeu ne s’arrête pas à compter les jours. Après une invalidité prolongée, la reprise est rarement immédiate. Le mi-temps thérapeutique peut servir de sas, offrant un vrai temps d’adaptation pour préserver la santé sans zapper la réalité du travail.
Peut-on vraiment partir sans risque pendant un arrêt maladie ?
Bouger, souffler ailleurs : parfois, le médecin le recommande face à un burn-out. Mais la réglementation impose un cadre strict. Première étape : consulter le médecin traitant. C’est lui qui, sur l’arrêt de travail, précise si les sorties sont libres, soumises à horaires, ou interdites, et s’il autorise explicitement le déplacement. Impossible de partir sans cet accord médical.
Tout dépend de la pathologie. Pour une dépression ou un burn-out, changer d’air, pratiquer une activité physique adaptée ou suivre des soins loin du domicile peuvent aider. Mais chaque déplacement doit s’inscrire dans une logique de soin : partir en vacances n’est imaginable que si cela sert effectivement la guérison, en accord avec le traitement.
L’employeur comme la CPAM restent vigilant. Toute sortie en dehors des horaires autorisés, tout déplacement non validé, expose à des contrôles et à la suspension potentielle des indemnités. Une escapade hors du département, ou hors du pays, nécessite une demande précise et dûment motivée auprès de la caisse : rien ne s’improvise.
En pratique, quitter son domicile sans autorisation fait courir un risque majeur sur les droits sociaux. Mais quand le médecin pose des limites claires, ces escapades deviennent parfois de vrais leviers pour retrouver un équilibre et préparer la reprise professionnelle sereinement.
Quelles démarches auprès de la CPAM pour un séjour autorisé ?
Impossible de disparaître sur un simple coup de tête. Avant de réserver quoi que ce soit, le salarié en arrêt maladie doit soumettre une demande d’autorisation à la CPAM. Toute sortie du département passe par l’accord écrit de la Caisse Primaire. Il s’agit d’adresser son dossier au service médical départemental, en précisant la durée, le lieu et surtout la justification médicale du séjour. Sans validation du médecin traitant, la réponse négative tombe automatiquement.
La réponse se fait connaître en général dans un délai rapide. Si le feu vert n’est pas donné, un recours existe devant la commission de recours amiable, voire devant le tribunal judiciaire si besoin. Peu de salariés y pensent, mais insister peut s’avérer déterminant, notamment quand le séjour s’inscrit dans une démarche de soin.
Pour obtenir une autorisation, plusieurs éléments doivent obligatoirement figurer dans la demande :
- Un formulaire complété adressé à la caisse
- L’avis médical détaillant en quoi le déplacement a du sens médicalement
- Les dates et le lieu précis du séjour envisagé
La CPAM évalue alors l’ensemble du dossier : cohérence avec l’état de santé, adéquation avec la durée de l’arrêt. Le moindre écart (absence d’autorisation, séjour non déclaré, dossier incomplet) entraîne la suspension immédiate des indemnités journalières. Un séjour hors du département ou dans un autre pays demande une vigilance accrue, la réglementation se corse. À chaque situation, ses contrôles par la sécurité sociale.
Indemnités, contrôles et obligations : les conséquences à connaître avant de partir
Partir en arrêt maladie pour burn-out ne donne pas carte blanche. Le moindre faux pas entraîne la suspension des indemnités journalières. L’assurance maladie et l’employeur disposent de moyens de contrôle parfois imprévisibles, souvent redoutés. Une absence injustifiée lors d’une visite, et le versement s’arrête sans préavis. Les contrôles à domicile, plus fréquents à certaines périodes de l’année, ne sont jamais anodins.
Prendre un billet à l’étranger ajoute une couche de complexité. Dans l’Union européenne ou en dehors, l’existence d’accords de sécurité sociale ou de conventions bilatérales doit être vérifiée en amont. Passer outre la procédure ou omettre de prévenir ferme toute possibilité de contester un arrêt d’indemnités. La CPAM réclame la transparence absolue sur chaque déplacement.
Le retour après un long arrêt maladie passe très souvent par une consultation médicale auprès du médecin du travail. Dans de nombreuses situations, le mi-temps thérapeutique constitue une solution de retour en douceur, en particulier après un épuisement professionnel ou une dépression. DRH, manager, collègues : tout le monde est impliqué, car les risques psycho-sociaux ne s’évaporent pas au simple retour au bureau. Préserver l’échange, poser des bases saines devient fondamental.
Pour préserver ses droits, quelques réflexes doivent être systématiquement appliqués :
- Suivez à la lettre les horaires de présence fixés par le médecin conseil
- Signalez toute intention de déplacement à la CPAM en amont
- Ayez toujours en main les justificatifs médicaux exigés
Rater un contrôle ou s’absenter sans autorisation peut coûter cher : suspension des indemnités, tension avec l’employeur, soupçons sur la véracité de l’arrêt. Chaque étape, du premier jour jusqu’à la reprise, doit être pensée avec rigueur et anticipation.
Sortir de chez soi en arrêt maladie n’a jamais été anodin. Entre cadres réglementaires rigides et besoin d’air frais, le choix s’impose : composer avec la règle, pour retrouver un souffle nouveau sans laisser ses droits sur le quai.

